Miel : des alternatives pour lutter contre le varroa

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Dans le cadre des échanges proposés aux bénéficiaires de la marque « Esprit parc national », une rencontre avec des chercheurs était proposée aux apiculteurs autour de méthodes récentes pour limiter la prolifération du parasite.

Atelier apiculteur Esprit parc national -lutte varroa - nov 2017- © Justine Lluengo - Parc national des Ecrins Le varroa, parasite de l'abeille, est une préoccupation majeure pour les apiculteurs. Vendredi 18 novembre, à l'initiative du Parc national des Écrins, une cinquantaine d’apiculteurs des Hautes-Alpes ainsi que les représentants de la profession apicole (Syndicat de l'apiculture alpine, Syndicat des apiculteurs des Hautes-Alpes, Cetapialp, Groupement de Défense Sanitaire du 05,…) ont participé à une journée d'information et d'échanges autour de la thématique du varroa et des nouvelles méthodes de lutte alternatives,.

Cette journée, organisée à Châteauroux-les-Alpes dans le cadre des journées de formation proposées aux bénéficiaires de la marque « Esprit parc national », a été partagée avec les apiculteurs du territoire au vu de l'intérêt du sujet abordé et de son actualité.

Le varroa (Varroa destructor) est un acarien parasite de l'abeille adulte ainsi que de son couvain, originaire d'Asie et apparu dans les années 80 en France.
Il est actuellement largement répandu sur l'ensemble des continents et apparaît comme une préoccupation majeure pour la profession apicole.
D'autres facteurs tels que l'exposition aux pesticides, la qualité de la ressource alimentaire, l'arrivée du frelon asiatique ou encore d'autres pathogènes, viennent se cumuler et affaiblir l'état des populations.
Les pertes hivernales des colonies d'abeilles, estimées à 20,2 % (± 3,5) en moyenne en 2016 en France (ITSAP - Institut de l'abeille), sont très certainement corrélées avec l'affaiblissement des ruches par le varroa.

Atelier apiculteur Esprit parc national -lutte varroa - nov 2017- © Justine Lluengo - Parc national des Ecrins Fanny Mondet, chercheuse à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) d’Avignon, a amené une première approche scientifique sur le varroa, son développement, et les mécanismes naturels mis en place par les abeilles pour lutter contre ce parasite.

Plusieurs études sont en cours pour mieux comprendre ces phénomènes de résistance : quelles sont les abeilles qui développent un comportement de nettoyage du couvain (phénomène qui interrompt le cycle de développement du varroa), quels sont les mécanismes de défenses mis en place par le couvain lui-même et comment arriver à détecter, dans les ruchers, les colonies qui présentent ces phénomènes de résistance (projet Varestic, Beestrong…) ?

apiculture dans les Ecrins - © M.Corail - Parc national des Ecrins L'intérêt de ces recherches est de développer une stratégie à long terme, basée sur la résistance naturelle des colonies, tout en préservant la diversité génétique des populations d'abeilles.

Pas de miracle mais de nouveaux outils

Yves Goïc, apiculteur et membre du Groupement des Producteurs de Gelée Royale (GPGR), a partagé les retours d'expérience obtenus avec la méthode de l'encagement des reines. Cette méthode, utilisée avec succès par les italiens, consiste à créer artificiellement un arrêt de ponte de la reine afin de permettre un traitement optimum contre le varroa en absence de couvain dans la ruche.

L'encagement, utilisé avec un traitement à l'acide oxalique, a été testé et suivi en 2017 sur près de 10 000 ruches. Il a pour avantages d'avoir de bons résultats pour limiter le taux d'infestation du varroa, de ne pas générer de résidus de traitement dans le miel et de limiter les pertes hivernales. De plus, cette technique permet ne pas exposer les abeilles trop longtemps à l'acide oxalique, évitant ainsi l'apparition de résistance.

Alban Maisonnasse, de l' Association Pour le Développement de l'Apiculture Provençale (ADAPI Avignon), a quant à lui abordé les méthodes de suivi de l’infestation du varroa au cours de la saison apicole et les méthodes de "lutte populationnelle" suivies par l'association.

Atelier apiculteur Esprit parc national -lutte varroa - nov 2017- © Justine Lluengo - Parc national des Ecrins  

L'importance du suivi de l'infestation du varroa pour connaître l'état de santé de ces colonies d'abeilles a été largement soulignée. Un indice mensuel du taux d'infestation par le varroa a été proposé afin que les apiculteurs puissent se situer par rapport à cet indice. (fiches techniques de l'ADAPI )

Les résultats obtenus par les méthodes de lutte populationnelle dans le cadre du projet Innov’api ont été présentés : méthodes d'encagement des reines, méthode du retrait de couvain.

Même si aujourd’hui il n’existe pas encore de méthode « miracle » pour se prémunir du varroa, les outils présentés par les intervenants ont prouvé qu’il était possible d'en limiter la prolifération tout en essayant d'avoir le moins d'impact possible sur l'environnement.

Le projet est  financé avec le concours de la Région PACA, de l'État à travers le Fond National d'Aménagement et de Développement du Territoire (FNADT) et de l’Union Européenne. L’Europe s’engage sur le Massif Alpin avec le Fonds Européen de Développement Régional. ​