L'ordinaire extraordinaire du confinement

-A A +A
Une trentaine d'espèces nouvelles pour les Ecrins a été découverte par les gardes du Parc national, confinés dans l'exploration de leur jardin et du kilomètre de nature qui leur était octroyé. Le regard s'est déplacé vers des trouvailles de proximité, souvent petites et pas toujours simples à identifier.

Identification à la loupe - photo P.Saulay - Parc national des Ecrins Avez-vous déjà bien regardé toutes les mouches et araignées qui habitent votre jardin ou les petits coins de nature à côté de chez vous ?

Férus de biodiversité, les agents du Parc national alimentent les bases de données d'observation depuis bientôt cinq décennies. Si la connaissance des invertébrés a fait un bon salutaire au cours des dernières années, la période du confinement est venu enrichir la richesse connue de la biodiversité du parc national des Ecrins... et son atlas en ligne.

En quittant les jumelles, confinés dans leur logis, les gardes-moniteurs ont fait de véritables trouvailles naturalistes. Une trentaine d'espèces nouvelles a été découverte… dans les jardins et dans le kilomètre réglementaire de proximité.
Une extraordinaire biodiversité ordinaire… et méconnue.

Le criocère du lys ou Rhizotrogus aestivus... à titre d'exemple.

Criocère du lis, Criocère du Lys © Marie-Geneviève Nicolas - Parc national des Ecrins Rhizotrogus aestivus © Nicolas Bertrand - Parc national des Ecrins
N'en doutez pas, d'autres observations de ces "nouvelles" petites bêtes vont venir s'ajouter aux premières...

De nouvelles espèces d'insectes et d'araignées sur le territoire ! « Il ne s’agit pas découverte majeure mais d’un changement de prisme où les jumelles et les longues-vues ont été mises de côté pendant un moment au profit de la loupe et de l’appareil photo » résume Damien Combrisson, (heureux ! ) chargé de mission « invertébrés » au parc national des Ecrins.

Identification à la loupe - photo C.Coursier - Parc national des Ecrins « Toutes ces nouvelles espèces appartiennent à la biodiversité ordinaire, celle que l’on rencontre dans son jardin... Et le confinement a amplifié l’intérêt des agents sur ces petites bêtes en donnant un temps d’observation et d’identification nécessaire ».

Pour être déterminées, certaines de ces espèces nécessitent l'aide d'entomologistes, professionnels ou amateurs éclairés comme entre autres ceux du GRENHA, de Faune Paca, ou du forum communautaire du Monde des insectes...

Toutes ne sont pas encore en images dans l'atlas du Parc national mais les nouveaux "taxons" sont enregistrés, avec la localisation des observations.

Après bientôt 50 ans d’existence, les connaissances taxonomiques du parc national s’orientent de plus en plus sur le vaste monde des invertébrés, qui représentent pas moins de 98% des espèces animales présentes en France. Un pan entier de connaissance à découvrir !

Ce temps de confinement a été mis à profit pour préparer au mieux la saison d’études et de travaux à venir, réaliser des bilans et des synthèses sur les actions précédemment engagées mais également alimenter le site internet de « Biodiv'Ecrins » qui permet de restituer l’état des connaissances acquises sur le territoire auprès du grand public.


Lire l'article : Biodiv'Ecrins s'enrichit au fil du confinement - 20 avril 2020

Cette période a été l'occasion d'alimenter une rubrique invitant à prendre quelques "dose(s) de nature" virtuelles sur la page facebook du Parc national, avec une sélection d'espèces que les abonnés étaient invités à aller découvrir sur Biodiv'Ecrins.

Biodiv'Ecrins, un collectif de partage des connaissances

C’est un travail considérable qui est mené depuis plusieurs années pour présenter pas moins de 6 000 espèces animales ou végétales, en présentant pour chacune d’entre elles une courte monographie qui accompagne les données sur la répartition géographique et chronologique des observations.
C’est le fruit d’un travail collectif et transversal au sein de l’établissement où chaque participant fait le choix de sélectionner une ou plusieurs espèces à présenter suivant ses affinités.

Mouche du céleri © Marc Corail - Parc national des EcrinsConfinaute naturaliste

Remisées les longues-vues, troquées pour la macrophotographie plus à l'échelle de nos nouveaux (trop) petits territoires. Évasions microcosmiques mais immense privilège de travailler et d'habiter en montagne avec la nature au bout du jardin, quand certains n'avaient que la frondaison d'un platane ou juste une mangeoire au balcon et des rues vides pour épancher leur besoin de nature.

Quelques belles découvertes de mon petit km de naturaliste confiné :

Incantation de noms latins que l'on pourrait brièvement traduire par: ''Sortez-nous de là...!''

Marc Corail, Champsaur

Et un clin d'oeil au besoin de nature

''Les détenus d’une prison dans le Michigan consultent 24 fois moins les médecins, quand ils ont une fenêtre qui donne sur la campagne''.
Louis Espinassous dans son ouvrage Besoin de Nature : L'auteur interpelle le politique: ''l’accès à la nature, au maximum de naturalité, en tous lieux, ville, hôpital, école, prison…, sorties en plein air, possibilités d’immersion dans des espaces naturels… sont un défi à relever par toute la société. Il en va du bien-être de chacun''.

Sur la RAM, retour des chroniques nature pendant le confinement :  La nature au creux de l’oreille (avec le PNE)

A retrouver, toutes les chroniques et magazine nature réalisées avec cette radio libre