Veille sur la faune et la flore au bord de la Romanche

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Sur le site Natura 2000 du bassin de Bourg d'Oisans, les agents du Parc national ont prospecté les plantes et insectes qui vivent au bord de la Romanche et du Vénéon. Ils surveillent aussi la présence d'éventuelles espèces envahissantes.

8 septembre 2009. L'équipe du secteur de l'Oisans, renforcée par des gardes-moniteurs d'autres secteurs du parc national des Écrins, arpentent le site Natura 2000 de la plaine du Bourg d'Oisans. Au programme, un parcours de recherche sur environ 4,5 km des rives de la Romanche et du Vénéon. La prospection est réalisée à pied. Les agents du Parc recherchent notamment deux plantes envahissantes : l'ambroisie et l'arbre aux papillons.

"L'absence d'ambroisie, Ambrosia artemisiifolia, dans un biotope pourtant favorable à l'espèce, est une bonne nouvelle" souligne Pierre Salomez, botaniste au service scientifique du Parc. La destruction de cette plante allergisante introduite d'Amérique du Nord est obligatoire (arrêté préfectoral du 7 mars 2000).

La présence de l'arbre aux papillons, Buddleja davidii, arbuste introduit de Chine a été constatée : "les individus adultes sont encore rares mais les jeunes et les plantules abondent annonçant une extension prochaine en concurrence avec la végétation de la région." A suivre donc.

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La dynamique fluviale forme des îles de graviers et de sable entourées par les bras du Vénéon. Le partage des observations permet à chacun de progresser dans la connaissance des espèces végétales et animales qui vivent dans le paysage alluvial.

Une nouveauté : le trèfle des rochers
Une plante d'intérêt patrimonial a été trouvée : le trèfle des rochers, Trifolium saxatile. Il est représenté par quelques tiges desséchées, ce qui est normal pour une espèce annuelle, après la floraison qui a eu lieu en juin-juillet. Cependant, quelques touffes stériles au feuillage dense et grisâtre sont aussi observées faisant penser que tous les individus de cette plante ne sont pas annuels mais que certains peuvent étaler leur croissance sur une durée plus longue.

Criquet des torrents : des variations importantes
Le criquet des torrents, Epacromius tergestinus, a été découvert ici en 1999 par des biologistes, sur le sable humide parmi la végétation clairsemée et les amas de branchages échoués. Ils évaluaient leur nombre à quelques milliers en 2003. Depuis, les agents du parc national effectuent une veille début septembre sur cette population de criquets pour estimer leur abondance : quelques centaines en 2004, une cinquantaine en 2007 et quelques dizaines en 2009. "La cause de la diminution des effectifs est inconnue" indique Didier Brugot qui coordonne le suivi des invertébrés au Parc. "Cependant, on suppose que les variations importantes d'abondance ne mettent pas en péril la population. Ces insectes sont en effet soumis à la dynamique naturelle des crues qui modifie le paysage alluvial et ils doivent donc reconquérir périodiquement les îlots enserrés par les bras de la rivière."

Le trèfle des rochers et le criquet des torrents ont tous deux besoin pour survivre de milieux alluviaux peu modifiés par les activités humaines, ce qu'ils trouvent sur cette portion du cours de la Romanche car les digues laissent entre elles une largeur d'environ 250 m pour l'épandage des crues.

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Un criquet des torrents femelle de coloration grise typique sur un galet poli par les eaux. Une autre femelle à la coloration verte inhabituelle sur une plage sableuse humide.