Vers la rénovation du refuge de l'Aigle ?

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Alors que le maire de la Grave a fermé le refuge pour des raisons de sécurité en octobre dernier, la Fédération française des clubs alpins de montagne (FFCAM) a pour objectif de commencer les travaux à la fin de l'été. Un comité de pilotage a eu lieu à Grenoble avec tous les partenaires qui souhaitent voir aboutir le projet, initié voilà une dizaine d'années.

C'est pour des raisons de sécurité que le maire de La Grave a pris un arrêté de fermeture du refuge de l'Aigle le 23 octobre 2012.

« Le refuge restera fermé et non gardé pour cet été » précise Raymond Courtial, vice-président, chargé du Patrimoine bâti de la FFCAM (Fédération française des clubs alpins de montagne). « Si la porte du refuge reste néanmoins ouverte pour permettre aux alpinistes de s'abriter, il est clair que le fait que le refuge ne soit pas gardé modifie l'engagement des courses telles que la traversée des arêtes de la Meije» ajoute Georges Elzière, président de la FFCAM, gestionnaire de ce refuge, accroché au versant haut-alpin de la Meije.

Aux côtés de ces représentants du CAF, gestionnaires du refuge de l'Aigle, de nombreux partenaires étaient réunis le 10 juin dernier à Grenoble pour un comité de pilotage visant à permettre la rénovation de cet abri : représentants de différents services de l'État, des élus, des guides, du Parc national des Écrins ou encore de la fondation Petzl.

Depuis sa construction, en 1910, le bâtiment a subi les outrages du temps et des tempêtes. Sa construction en bois le rend très vulnérable à un incendie. En pleine saison (printemps, été), ses 18 places sont insuffisantes pour répondre à la demande : 1 100 à 1 200 nuitées sont enregistrées chaque année avec des pics de fréquentation à 30 ou 38 personnes.
Aujourd'hui, le refuge ne répond plus aux exigences de sécurité et sa rénovation est devenue une nécessité.

Depuis 2003, les études et réflexions sont engagées pour définir un projet qui respecte les lieux et son environnement.
Un premier projet de rénovation avait suscité des oppositions. Depuis trois ans, tous les acteurs du dossier ont pu s'exprimer au sein du comité de pilotage réuni sous la conduite de François Gillet, chargé d'une médiation à la demande du Comité de massif des Alpes.

Ces discussions ont permis d'orienter le projet faisant une synthèse des attentes tant en matière de préservation du refuge et du site que de son adaptation aux besoins d'aujourd'hui. Le Parc national des Ecrins accompagne la démarche.

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L'actuel projet conserve le bâtiment dans sa structure actuelle, sa matière et son mobilier.

"De par sa situation, sa structure unitaire et ses dimensions, le projet respecte à la fois les paysages, l'esprit des lieux et l'âme du refuge"  a indiqué Hélène Quellier au nom du Parc national des Écrins. Des raisons qui ont conduit l'établissement, après avis de son conseil scientifique, a valider les permis de démolir et de construire.

Ces deux documents ont néanmoins été attaqués au Tribunal administratif par l'association des « Amis du refuge de l'Aigle ». Le 25 mars 2013, le Conseil d'État a rejeté le pourvoi de l'Association des amis du refuge de l'Aigle contre l'arrêt de la Cour administrative d'appel concernant le permis de démolir.

François Gillet, le médiateur, a précisé que le recours contre le permis de construire déposé par les « Amis du refuge de l'Aigle » n'est pas suspensif. Aussi, « rien ne s'oppose donc à ce que le chantier de rénovation ne suive son cours ...» estime Raymond Courtial « pour cette raison, la FFCAM décide de proposer au comité directeur du 14 juin d'engager les travaux dès cet été ».
La déconstruction pourrait alors s'opérer à la fin de l'été 2013 et le refuge descendu en vallée. Les éléments de l'actuel refuge seraient, dans ce cas, intégrés dans le projet du futur refuge. « La fabrication peut s'effectuer pendant l'hiver et une mise en place du refuge rénové pourrait se faire pour l'été 2014 » ajoute Raymond Courtial.

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De gauche à droite : Raymond Courtial et Georges Elzière (FFCAM), François Gillet (médiateur), Philippe Descamps (Fondation Petzl) et Jean-Louis Flandin (Club alpin de Briançon), parmi les nombreux partenaires réunis autour du projet de rénovation du refuge de l'Aigle.

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Accroché à la montagne, à 3 440 mètres d'altitude, le refuge de l'Aigle abrite depuis 1910 les alpinistes de retour ou en partance vers les sommets de la Meije au coeur du Parc national des Écrins.

En 1910, la construction du refuge par le Club alpin français a été rendue possible par l'organisation de caravanes de guides et de porteurs de la vallée sur le glacier du Tabuchet.
Le bâtiment de 28 m2 (4,7 x 5,9 m) est construit en 142 jours. Il comprend une pièce unique, avec deux niveaux de dortoir et permet le couchage de 18 personnes.
Pour limiter le poids et résister aux vents forts, le refuge fut ingénieusement construit avec des pièces de bois de petite section reliées par des pièces métalliques. Le bâtiment est amarré à la roche par de petits poteaux en bois, retenus par des ferrures, renforcées par la suite par des câbles.

 

De nombreuses grandes courses d'alpinisme se font depuis le refuge ou en redescendant par le refuge de l'Aigle, notamment : la Meije orientale, le Doigt de Dieu, la traversée des arêtes de la Meije, les Corridors, le couloir Gravelotte, le tour de la Meije à skis, etc.