Une montagne parcourue depuis la préhistoire...

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Les traces du passé attisent l'intérêt.

En plein cœur du mois de janvier, ce sont habituellement les cascades de glaces qui attirent dans la vallée de Freissinières.
Mardi dernier, c'est l'archéologie qui  a réuni une bonne soixantaine de personnes à la maison de la vallée pour une conférence consacrée aux découvertes réalisées au pays des Écrins. Des curieux, des habitants des vallées de la Vallouise intéressés par les récentes découvertes et... pas mal de passionnés.
Certains avaient fait le déplacement depuis le Champsaur, dont François Ricou qui a réalisé des recherches archéologiques similaires dans cette partie du massif.

Pendant près de deux heures, Florence Mocci, archéologue au Centre Camille Jullian a fait le point sur les découvertes engrangées depuis plus de dix ans dans différents vallons des communes de l'Argentière-la-Bessée, Freissinières, Pelvoux, Vallouise et Puy Saint-Vincent notamment. Depuis 1998, sous la co-direction de Kevin Walsh de l'Université de York (Grande-Bretagne), des équipes pluridisciplinaires ont multiplié les fouilles et les découvertes, confirmant la fréquentation et l'occupation de la moyenne et de la haute montagne dès la Préhistoire (9000-3000 avant notre ère). La présence de structures pastorales d'altitude est également identifiée dès le milieu du IIIe millénaire avant notre ère.

Ce sont l'ensemble de ces découvertes qui sont importantes. Et c'est bien ce que l'archéologue a voulu mettre en avant, tenant ainsi en haleine le public avant de présenter les éléments trouvés plus récemment.

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Brigitte Talon, Claudia Defrasne et Florence Mocci développent des compétences complémentaires pour étudier les traces de nos ancêtres et "reconstituer" l'environnement dans lequel ils évoluaient dans le massif. La fréquentation humaine est confirmée dès 9000 ans avant notre ère..

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En effet, les prospections menées au cours de l'été 2010 dans les hauts massifs de l'Eychauda (Pelvoux) et du Pinier (Fressinières) sont marquées par  la découverte, sur une paroi à plus de 2100 m d'altitude, des premières peintures rupestres dans cette partie des Alpes méridionales.

Plus de 300 objets lithiques a été également recueilli entre 2120 et 2600 m d'altitude dont une pointe de flèche en silex du Néolithique final à 2475 m d'altitude.

Lors de cette conférence, Claudia Defrasne (LAboratoire Méditerranéen de Préhistoire Europe Afrique) a montré, en s'appuyant sur d'autres exemples connus, l'impossibilité de déterminer pour l'instant à quand remonte la réalisation des peintures trouvées en Vallouise. Leur datation nécessitera des travaux complémentaires qui, si les financements et les autorisations sont réunis, pourraient avoir lieu l'été prochain.

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Restitution du site de Faravel XIX à 2303 m d'altitude (âge du Bronze ancien) et de son environnement. Aquarelle de J.-M. Gassend, IRAA-CNRS, MMSH, 2008)

Au-delà des "mobiliers" (traces de foyers, cabanes, enclos, outils...), l'étude de l'environnement dans lequel évoluaient ces très vieux "occupants" des montagnes des Écrins est tout aussi passionnante. Tandis que les archéologues prospectent des yeux ou par des fouilles, une spécialiste de la paléoécologie (étude des animaux et végétaux fossiles) pioche le sol pour étudier la composition des pollens et des charbons de bois qui y sont conservés. Brigitte Talon (Institut Méditerranéen d'Ecologie et de Paléoécologie, Marseille) met ainsi en avant la présence du mélèze et de l'épicéa mais aussi du pin cembro, du bouleau et de genevriers... avec une limite de la forêt bien plus élevée qu'aujourd'hui, à 2300 m d'altitude.

Pour en savoir plus, lire l'article : De l'art rupestre dans les Écrins

Après des pointes de silex, ce sont des peintures rupestres qui ont été découvertes en Vallouise cet été, sur l'un des sites prospectés par les équipes d'archéologues français et britanniques.