"C'est une grande dalle miroitante retenue par de puissants polis glaciaires. Une dalle qui ménage ses effets, laissant à l'eau cascadante le déroulé vaporeux du Voile de la Mariée, aux tourbières, marécages et méandres l'accoutumance progressive à ces zones humides surélevées en plateaux qu'émaillent quelques maigres placettes de linaigrettes, pour jouer au modeste, à l'anodin le temps du premier coup d'oeil. Mais que le panoramique des Bans au Sirac vienne à doubler ses dentelles de glaciers, ses dentures de roche et la fascination s'installe. Certains pensent que "la goulue", la grosse truite du Lauzon, qu'on dit solitaire, est victime elle aussi du même pouvoir hypnotique. En fait, tout est si vaste, si ouvert, si immédiatement offert à portée de regard qu'on est comme prisonnier de ce reflet parfait, comme contraint à l'attente  d'un évennement, d'une touche finale.

Elle a très souvent lieu au couchant, quand, retrouvant la paix, le Lauzon tend son reflet aux chamois qui paradent sur la margelle extrême d'un puits de ciel plein à ras bord, mariant leurs silhouettes graciles aux ors d'un Sirac finissant. Quel autre tremplin portera le regard avec tant d'aisance du fragile au durable ?" Extrait de : Lacs des Ecrins

Un lac "de pelouse"

Le lac du Lauzon est un lac de surcreusement glaciaire. Pendant le maximum glaciaire du Würm, il y a 10 000 ans, l'ancien glacier a creusé une cuvette dans les gneiss migmatisés fracturés par une faille nord-sud. Il est nommé lac "de pelouse" car il est soumis à des conditions climatiques clémentes avec 4 à 5 mois de dégel. Dans ces eaux, une végétation aquatique, très présente, traduit une grande productivité biologique.

A lire

Au Centre de documentation du Parc national des Ecrins :

• Lacs des Ecrins, photographies B. BODIN, textes C. DAUTREY, Ed Libris, 163 p., 1999