Les foires aux bestiaux

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Foire de la Chapelle en Valgaudemar © Jean-Pierre Nicollet - Parc national des Ecrins

Les foires des Hautes-Alpes au milieu du XIXème siècle

"En 1844, le nombre des foires du département était de 185 par an, 42 mobiles et 143 fixes. Toutes ces foires existaient avant la Révolution, à l'exception de 9 foires qui avaient été établies par ordonnances royales, depuis 1814, à Saint-Véran, Molines-en-Queyras, Gap et Briançon.

La foire du 11 novembre à Gap, appelée la foire de la Saint-Martin, était la plus considérable et la plus célèbre.

Des produits de toute nature étaient offerts aux visiteurs, mais la foire de la Saint-Martin était surtout renommée pour la vente des bestiaux, gros et menu bétail.

La foire commençait par les bêtes à laine et, les derniers jours, était animée par l'arrivée des gros mulets du Poitou, des chevaux et poulains de Bretagne et de Normandie que se disputaient les rouliers d'Aix, de Marseille et de tout le Sud-Est venus s'approvisionner pour l'année.

Les bêtes étaient si nombreuses que même les écuries privées étaient envahies.

Dès la veille pour venir, le lendemain pour s'en retourner, des convois interminables, sur toutes les routes aboutissant à Gap, des équipages de toutes formes amenaient ou ramenaient bêtes, marchandises et gens.

En ville, les hôtels, auberges, maisons particulières regorgeaient de visiteurs et d'étrangers. Beaucoup, faute de lits, dormaient sur les chaises des cafés, des auberges, des hôtels ou près du four des boulangers.

Certaines foires cependant, vers 1840, étaient plus particulièrement réservées à la vente de tel ou tel produit. Ainsi se vendaient, les agnelets à Saint-Bonnet, les brebis à Embrun, la clouterie, les cuirs à Saint-Firmin, les mules et mulets à Guillestre, les étoffes du pays, les grosses toiles à Briançon..." Extrait de La vie publique dans les Hautes-Alpes vers le milieu du XIX ème siècle, H. Thivot

Foire de la chèvre à la Chapelle en Valgaudemar, 4 octobre © Olivier Warluzelle - Parc national des Ecrins Tardons et chèvres, les foires d'automne du Champsaur-Valgaudemar

Le tardon est un agneau élevé sous la mère dans les alpages du massif des Ecrins.

Le menu « de la chèvre » est un plat typique, sorte de pot-au-feu,  à déguster durant tout le mois d'octobre dans les différents restaurants du Valgaudemar et du Champsaur.

Souvenirs de foire à Champoléon

"Les foires avaient une grande importance dans le calendrier agricole, elles marquaient les années dans les mémoires. Celle de Champoléon le 3 octobre était la première. Les autres celles du 4 octobre (Orcières, à l'époque) ou celle de Saint-Bonnet permettaient de se rattraper. Le mieux pour chacun était de vendre à la foire de Champoléon, c'était un gage de reconnaissance et l'occasion d'une fête pour les petits comme pour les grands." Récits faits à Emmanuel Evin, garde-moniteur du Champsaur.

Voici un extrait tiré d'un enregistrement sonore d'une collecte orale baptisée « Je me souviens Champoléon », réalisée entre 1999 et 2001 par Frédéric LETINOIS (décédé en 2003), constituée d'interviews d'habitants de Champoléon. Elle illustre la manière dont se passait la vente.

« Il y avait beaucoup de petits troupeaux. On vendait les brebis de réforme pour la viande, les brebis avaient déjà un certain âge ; enfin là, c'était un peu la braderie, et les tardons, les agneaux qui étaient nés au printemps. Ici, on avait de bonnes bêtes à Champoléon, c'est à dire, qu'il y avait de bons pâturages alors l'agneau qui mangeait cette herbe, à l'automne, il était joli. Il n'y avait pas de foire avant celle-là. C'était pas facile d'avoir le cours. On baissait difficilement mais les maquignons étaient malins. Plus on avait de foin pour l'hiver, plus on tenait les prix qu'on annonçait. On tapait dans les mains lorsqu'on était d'accord, ce geste avait valeur d'écrit ! Le maquignon amenait le camion pour charger les bêtes. Puis, on allait boire un coup. »

 

Foire au Chazelet © Gérald Lucal Foire aux bovins du Chazelet

Toujours d'actualité, cette foire très ancienne est l'occasion pour les agriculteurs locaux de vendre de jeunes vaches "Abondance" ou "Tarine" aux agriculteurs de Savoie, de Haute-Savoie et d'Italie pour la production de beaufort et de reblochon. Les maquignons, reconnaissables à leurs chapeaux et capes noirs, et les éleveurs à la mine soucieuse marchandent, tandis que les stands de cloches et autres objets donnent à cette foire un air festif.

 

A lire

Au centre de documentation du Parc national des Ecrins :

  • La vie publique dans les Hautes-Alpes vers le milieu du XIX e siècle, THIVOT H., Ed des cahiers de l'Alpe, coll "Histoire régionale", 459 p., 1970
  • Mon village d'autrefois..., ESCALLIER P., édité par l'auteur, 124 p., 1977

 

Foire à la Chapelle en Valgaudemar © Dominique Vincent - Parc national des Ecrins
Foire à Champoléon © Claude Dautrey - Parc national des Ecrins
Le Chazelet © Gérald Lucas
Briançon (1326 m), le champ de Mars un jour de foire - collection - Parc national des Ecrins
Foire de la Grave © Jean-Pierre Nicollet - Parc national des Ecrins