Une culture commune dans les alpages

-A A +A
L'alpage de la Ponsonnière à L'Alpe du Lauzet (commune du Monêtier-les-Bains)
La réunion annuelle des partenaires du programme "Alpages sentinelles" témoigne du dialogue constructif développé entre les scientifiques, les techniciens et les professionnels du monde agricole. Un film présentant cette démarche se termine.

Sur les trois quartiers de l'alpage de la Ponsonnière (585 ha), il s'agit de partager l'espace et le pâturage entre plus de 600 brebis et quelque 350 agneaux, une population de près de 300 bouquetins, des bovins pas très loin, des randonneurs à foison et parfois des prédateurs qui, depuis 2010, obligent à modifier certaines pratiques pour préserver le troupeau.

Cette année, c'est cet alpage du Monêtier-les-Bains qui était au centre de la rencontre annuelle des partenaires du programme "Alpages sentinelles", réunis ce vendredi 15 mars dans cette commune du nord des Hautes-Alpes.

2013-03-alpages-sentinelles-cc.jpg

Depuis une vingtaine d'années, l'association Longo Maï achemine chaque été un troupeau dans les pelouses de l'Alpe du Lauzet, complété par le cheptel d'autres éleveurs-bergers, au sein du groupement des tardons du Galibier. Hervé Tripart (Longo Maï) et Simon Vieux (CERPAM) ont présenté les caractéristiques et le fonctionnement de cet alpage, choisi dès l'origine du programme "Alpages sentinelles". A leur côté, Oliver Bel, éleveur à La Roche-des-Arnauds, membre du groupement, également producteur d'agneaux commercialisés en vente directe.

2012-03-alp-sent-interv

Hervé Tripart, éleveur-berger de l'association Longo Maï et Simon Vieux (Cerpam) ont présenté le fonctionnement de l'Alpage de la Ponsonnière.
Sandra Lavorel (CNRS-LECA) a détaillé la méthode développée pour évaluer la variabilité de la ressource en herbe, à relier aux données météorologique et aux effets des évolutions climatiques.

Le zoom sur cet alpage a été l'occasion de présenter les caractéristiques générales de l'année 2012, considérée comme une année "moyenne" en terme d'enneignement, marquée par un mois de février froid et sec mais des précipitations importantes entre avril et juin... favorables à la pousse de l'herbe.

Les données météorologiques sont bien sûr essentielles dans ce programme dont l'objet est d'anticiper les effets des évolutions du climat sur les alpages. Elles sont donc croisées avec tous les autres domaines d'études et d'enquêtes réalisées par les différents partenaires.

2013-03-alp-sent-reunion

Trouver une manière simple d'évaluer la variation des ressources en herbe aura été un casse-tête dans le programme, depuis sa création. Les chercheurs semblent au bout de leur peine.

2012-03-alp-sent-phytomasse"La méthode fonctionne" a confirmé Sandra Lavorel du Laboratoire d'écologie alpine (LECA-CNRS). Basé sur la mesure de la hauteur de l'herbe couplée au volume de la masse sèche, le protocole a fait l'objet de vérifications en Vanoise, dans le Vercors et même dans les Pyrénées.

Les mesures réalisées par Clotilde Sagot, technicienne du Parc national des Ecrins (ci-contre) avant la montée du troupeau dans chacun des alpages sentinelles ont permis de valider la démarche... et de s'assurer que les données peuvent être relevées par différents observateurs sans que les résultats en soient modifiés.

2012-03-alp-sent-pluvioPlus simple mais quotidien tout au long de l'estive, le relevé du pluviomètre est pris en charge par les bergers. Il permet d'enregistrer des données locales... qui peuvent être très différentes de celles des stations météorologiques plus lointaines.

L'implication des bergers et des éleveurs dans ce programme est un gage de sa réussite : les alpages retenus dans le programme ne sont pas représentatifs mais ils sont des "sentinelles" fiables pour repérer les évolutions et échanger sur les pratiques, en vallée sur les exploitations et jusqu'à l'Alpe.

Alternant entre les lieux de collecte des informations et les bureaux où elles sont analysées, un film "Alpages sentinelles" se termine. Il sera utile pour expliquer simplement la démarche développée dans les Ecrins et qui essaime maintenant en Vanoise et dans le Vercors notamment : 32 minutes d'images réalisées et montées par Xavier Petit qui montrent l'esprit de collaboration et l'intérêt de tous à contribuer à une "culture commune" dans les alpages des Ecrins.

2013-03-alp-sent-groupe
Bergers, éleveurs, scientifiques, techniciens pastoraux ou de l'environnement, élus, gardes-moniteurs... Venus de l'Isère et des Hautes-Alpes, les partenaires du programme "Alpages sentinelles" étaient réunis au Monêtier-les-Bains, le vendredi 15 mars dernier.

Pour en savoir plus

2011-03-couv-fiche-asTélécharger les fiches techniques

 Alpages sentinelles : un espace de dialogue (2.18 MB)

Les Alpes sentinelles représentent une variété de situations, de caractéristiques naturelles dans les sept secteurs du Parc national. Ils accueillent des troupeaux locaux ou des grands transhumants.
Tous sont gardés. Bergers et éleveurs sont motivés et impliqués dans le suivi.
La gestion est individuelle ou réalisée par un groupement pastoral. En vallée, les exploitations qui utilisent ces alpages développent différentes productions : ovins ou bovins viande, vaches laitières...

Voir les bilans annuels et des zooms sur certains alpages

Réflexions partagées autour des alpages sentinelles - mars 2011

Au-delà des protocoles d'étude destinés à comprendre et anticiper l'impact des aléas climatiques sur les alpages, c'est bien le dialogue et les échanges noués entre les partenaires de ce programme qui sont immédiatement constructifs.

Lire l'article paru dans Alpes Magazine - avril/mai 2011 : Les alpages sous bonne garde