Zoom sur le lagopède alpin

-A A +A
lagopède alpin - © D Combrisson - Parc national des Ecrins
Emblématique des zones d'altitude, il compte parmi les 10 oiseaux à préserver prioritairement dans le coeur du Parc national. Son avenir est préoccupant du fait des changements climatiques. Mais pas seulement.

Egalement appelé « la perdrix des neiges » ou bien encore « jalabre », le lagopède alpin (Lagopus muta) appartient à l'ordre des galliformes qui regroupe également, dans les Écrins, le tétras lyre, la perdrix bartavelle et la gélinotte.

C'est un oiseau mythique que de nombreux randonneurs rêvent de découvrir. Il occupe le haut de l'étage alpin ainsi que l'étage nival. Son habitat est composé essentiellement de rochers parsemés d'une végétation rase dans laquelle on retrouve communément la dryade à huit pétales (Dryas octopetala).

En Europe occidentale, sa répartition est septentrionale. Il est principalement présent dans le nord de la péninsule scandinave, l'Ecosse ainsi que l'Islande. En France, on le rencontre uniquement dans les Pyrénées et les Alpes. Cette espèce du paléo-arctique est donc une véritable relique des dernières glaciations en Europe, les sommets froids de nos montagnes ayant servi de zone de refuge lors du retrait des glaciers.

2010-10-lagopede-01
Couple de lagopède alpin (mâle à droite et femelle à gauche). Photo Damien Combrisson / PNE
La présence d'un trait noir entre la base du bec et l'oeil (trait loral) permet à cette époque de reconnaitre le mâle.

Une espèce à surveiller

Dans un contexte de changement climatique, l'avenir du lagopède alpin apparaît comme préoccupant. Pourtant, les menaces qui pèsent sur cette espèce ont également d'autres causes.

2010-10-lagopede-06
Femelle de lagopède alpin. L'oiseau est en plumage de transition. A l'issue de cette mue partielle, les lagopèdes deviendront entièrement blancs à l'exception de la queue, qui reste noire, ainsi que le trait "loral" chez le mâle. Photo Damien Combrisson / Parc national des Ecrins

L'une d'entre elle est le pâturage dans les zones de reproduction de cet oiseau qui niche au sol et qui est donc très sensible au piétinement du bétail (les brebis essentiellement). A cela vient s'ajouter la faible productivité (nombre de jeunes produits par an par rapport au nombre d'adultes) des populations méridionales (Alpes et Pyrénées) de notre pays. Des études entreprises dans la réserve naturelle de Sixt Fer-à-Cheval en Haute-Savoie démontrent, sur 15 années de suivi entre 1996 et 2010, une moyenne de 0,28 jeune par adulte.

Les conditions météorologiques notamment en période de reproduction, le dérangement par les randonneurs, les skieurs et les chiens, enfin le prélèvement par la chasse sont autant de facteurs qui viennent aggraver l'état des populations.

Agir pour sa conservation

Le Parc national des Ecrins s'est attaché depuis de nombreuses années au suivi des lagopèdes dans le cadre de l'Observatoire des galliformes de montagne (OGM) en participant notamment à des études de terrain qui permettent de mettre en évidence la tendance d'évolution des populations de lagopèdes.

2010-10-lagopede-06
Couple de lagopède alpin (mâle à droite et la femelle à gauche). Photo Damien Combrisson / Parc national des Ecrins

Concrètement il s'agit de compter le nombre de mâles chanteurs au printemps sur plusieurs sites témoins. La méthode est identique chaque année ce qui permet à long terme de constater l'évolution de ces populations témoins.

Cependant, nos connaissances des effectifs restent encore incomplètes sur de vastes zones de son aire de répartition au sein du parc, notamment en raison de la difficulté de réaliser des inventaires exhaustifs en haute montagne. Pour mieux appréhender l'utilisation de l'espace et les causes de régression de l'espèce, une approche expérimentale a été tentée au parc national des Écrins pour la mise au point d'inventaire par échantillonnage. Son objectif, à terme, est d'avoir une vision du niveau d'abondance du lagopède et de localiser les principaux noyaux de population sur l'ensemble de son aire de répartition française.

2008-Ecrins- Lagopèdes alpins : évolution abondance et enjeux de conservation (57.93 KB)

Des actions sont également engagées sur le terrain comme la mise en place de dispositifs de visualisation sur les câbles de certaines  remontées mécaniques, pour réduire la mortalité des oiseaux par collision.

Au niveau agricole, plusieurs contrats sont signés avec des groupements pastoraux dont certaines mesures de gestion favorisent la conservation du lagopède : le report de pâturage, par exemple, laisse le temps au lagopède d'effectuer sa reproduction.

Depuis 2009, le lagopède alpin fait partie des 10 espèces d'oiseaux retenues comme étant prioritaires dans le cœur du parc au titre de la directive « Natura 2000 ».

La gestion cynégétique appliquée à cette espèce a également évoluée.

Depuis 2001, un plan de chasse a été instauré dans les Hautes-Alpes : la chasse du lagopède n'est désormais possible que sur certains secteurs du département, et uniquement les années où la reproduction est suffisante. Ainsi, aucun prélèvement n'a été autorisé les 4 dernières années en raison des mauvaises reproductions constatées annuellement. Cette disposition a également été adoptée par le département de l'Isère à compter de la saison de chasse 2010-2011.

Lagopèdes alpins. Vidéo Damien Combrisson / Parc national des Ecrins

Pour en savoir plus

2010-11-cahier-galliformes1

Télécharger le cahier Galliformes de montagne - 2006 (4.29 MB)

Un cahier thématique consacré à ces oiseaux emblématiques qui s'inscrit dans la collection "Territoire Ecrins", conçue pour partager des connaissances et l'expérience des personnels en charge de la conservation des patrimoines avec les acteurs, habitants et utilisateurs de cet espace naturel protégé.

Deux articles d'actualités publiés sur ce site internet :

Comptage de bartavelles pour le suivi de l'espèce dans les Alpes 

Trente mâles de perdrix bartavelles se sont manifestés lors d'un important comptage réalisé en Oisans les 28 et 29 mai. Pour ces oiseaux, c'est la période des parades nuptiales.... Et pour les observateurs, un moment privilégié pour suivre cette espèce très discrète.

Jolie note... pour la gélinotte
La présence de cet oiseau extrêmement discret est confirmée en Haute Romanche. Des prospections qui s'inscrivent dans les suivis élaborés par l'Observatoire des galliformes de montagne.

 

A lire aussi :

Chuut

Le dossier sur le programme de sensibilisation « Chuut... c'est l'hiver »

2008-Ecrins- Lagopèdes alpins : évolution abondance et enjeux de conservation (57.93 KB)

 

En bonus !

Ouvrez l'oeil ! Un jeu pour petits et grands : sept lagopèdes à trouver dans l'image d'un pierrier...