Chuut... c'est l'hiver !

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Depuis plusieurs années, avec ses partenaires du milieu montagnard, le Parc national des Écrins s'efforce de construire une sensibilisation au respect de l'hiver et de ses patrimoines. Il soutient aussi des propositions alternatives pour d'autres découvertes du milieu naturel enneigé. Une invitation à faire "traces douces"... et spatules de velours !.

Aborder avec respect les paysages naturels de l'hiver, la faune et la flore aux prises avec ses rigueurs, découvrir des vallées de montagne dans leur humilité hivernale, devenir le modeste interprète des traces de la vie, des spectacles du givre, se ressourcer dans l'étendue des neiges et des silences : voilà à quoi vous invite cette campagne pour le respect de la vie en montagne en hiver.

 

2009-12-gdpinier-mcEst-ce un véritable enjeu ? "Nous avons tous ensemble l'innocence de le croire, et pour au moins deux raisons" souligne Claude Dautrey, responsable du service accueil-communication du Parc national.
"La première raison est celle de la réalité touristique hivernale qui propose un ensemble d'activités de plein air autour de la glisse, mais très peu d'activités autour de la découverte : un positionnement radicalement différent de l'offre estivale.
La seconde est à l'opposé. Elle repose sur une pratique de la neige qui s'éloigne des stations pour retrouver des modes de déplacement en montagne plus naturel, aventureux, qui remet au goût du jour des pratiques anciennes telles que la raquette, le ski de fond, nordique et de randonnée sans oublier la marche. Le développement de ces "visiteurs de l'hiver", curieux de nature et d'espaces naturels, n'est pas sans poser quelques questions en matière de préservation de la faune sauvage".

 
L'hiver des animaux, une période délicate
 

2009-12-emp-tetras-rch  Pour les animaux, la période est délicate.
La panacée : dormir en attendant des jours meilleurs, ou bien partir vers des contrées plus douces. Mais tout le monde n'est pas une marmotte ou un oiseau... Ceux qui restent s'adaptent pour survivre. Et le moindre geste compte quand il s'agit de garder des réserves !

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2009-12-raquettes--d-rocheLa fréquentation croissante de la montagne en hiver, couplée à l'envie de "voir des animaux", vient troubler le rythme et le fragile équilibre de la faune. Et cette perturbation s'ajoute encore aux risques, nombreux, de ne pas voir le printemps.
Nous sommes tous des "dérangeurs" potentiels : randonneurs à skis ou à raquettes, photographes et observateurs curieux de la nature...
Avançons avec PRÉCAUTIONS dans ces territoires enneigés et sauvages... mais habités !

2009-12-bouquetin-cld"Venez surprendre le chamois !" : pour alléchante qu'elle soit, la "surprise" annoncée par cette proposition de sortie en raquettes n'est pas des meilleures pour l'animal en question. Car surpris, il s'enfuit... et puise dans ses réserves d'énergie. Et il en faut, des réserves, pour passer l'hiver... Alors, de stress en fuites répétées, il s'affaiblit tandis qu'augmentent les risques d'être victime d'un accident, des parasites ou d'un prédateur.

 

Le sujet n'est pas nouveau mais il devient plus crucial avec l'augmentation de la fréquentation.

 

Les grands espaces de nature habités par la faune sauvage deviennent de plus en plus attractifs. La pratique croissante du ski de randonnée et l'engouement pour les balades en raquettes à neige sont une invitation à parcourir beaucoup plus facilement les territoires enneigés...

2009-12-lauvitel-dfiatLe clou de la balade : voir les chamois ou les bouquetins. Alors, pour que la promesse soit tenue, les zones d'hivernage connues et pas trop éloignées de la route attirent des cortèges d'observateurs.

Le bouche à oreille fonctionne vite. Pour la plupart, les professionnels de la montagne sont conscients et soucieux des risques encourus par la faune. Ils proposent une observation à distance en utilisant du matériel adapté (jumelles, longue-vues...). Ce principe d'une découverte respectueuse de la montagne en hiver est une caractéristique majeure des sorties de terrain, encadrées par les accompagnateurs en montagne pour le Parc national des Écrins.

Dans l'idéal, utiliser des itinéraires réguliers et évidents permet à la faune de ne plus être surprise et de conserver des espaces de tranquillité hors des passages. Car faire sa trace, c'est aussi faire la trace pour d'autres qui viendront ensuite et tenteront peut-être d'aller un peu plus loin, un peu plus près...

 

Peu de protocoles de suivis permettent, objectivement, de chiffrer l'impact de la fréquentation sur la faune en hiver. En la matière, c'est le fameux "principe de précaution" qui est de mise : car, c'est une certitude, le dérangement vient s'ajouter aux difficultés réelles de survie de la faune en hiver.

 
Sensibiliser sans culpabiliser...
 

Les exigences de conservation de la grande faune (ongulés de montagne) des galliformes de montagne (lagopède, tétras-lyre,...) et le souhait de sensibiliser les utilisateurs de la montagne en hiver ont conduit le Parc à initier cette campagne.

 

Ses partenaires du milieu montagnard l'accompagnent dans cette démarche depuis plusieurs années : les guides de haute montagne, les accompagnateurs, Mountain Wilderness, le Parc naturel régional du Queyras, le Club Alpin Français, la FFME, l'Office national des Forêts...

 

2009-12-xpo-hiverUne exposition, des dépliants, des affiches, des conférences et des projections... Des supports d'information sont développés et utilisés lors de toutes les bonnes occasions de "faire passer le message". Ces rendez-vous sont relayés également dans le programme d'accueil et de découverte du Parc national, associant les rendez-vous et expositions dans les Maisons du Parc, les temps forts du territoire et une invitation à vivre le territoire, encadrée par les accompagnateurs en montagne "ambassadeurs" du Parc national.

Consulter le programme hivernal des accompagnateurs en montagne "ambassadeurs" du Parc national des Écrins

... et proposer d'autres découvertes

Changement climatique, baisse de la clientèle hivernale, nouvelles aspirations et besoins de diversification : la (re)découverte de la nature arrive sur le devant de la scène économique hivernale.

Parmi les alternatives, l'organisation d'une découverte du milieu naturel est évidente et correspond aux attentes repérées des clientèles. "C'est le rôle des espaces protégés d'accompagner cette mutation avec une attention toute particulière pour que l'organisation d'une offre de découverte ne mette pas en péril les richesses qu'elle valorise" souligne Christian Pichoud, le président du Conseil d'administration du Parc national... également président du Comité départemental du tourisme de l'Isère. Dans une telle perspective, la présence d'un espace protégé est aujourd'hui une chance que l'on mesure de mieux en mieux. N'en déplaise à ceux qui cherchent à présenter la protection de l'environnement comme un frein au développement. Ainsi, ceux qui n'y voyaient que contrainte pourraient en faire un atout...
 

Christian Pichoud et les membres du Conseil d'administration en sont convaincus : "la légitimité d'un espace protégé est aussi celle que lui donnent les élus et les habitants. C'est tout l'enjeu de la future Charte du Parc national des Écrins : l'occasion d'affirmer un projet de territoire dans lequel la qualité de l'offre et de l'accueil touristique devient l'alliée de la qualité des conditions de vie dans les vallées de montagne"

 

Faites "traces douces" !

2009-12-couv-proghiver-dossDes produits touristiques respectueux de l'environnement : c'est ce que proposent de développer les partenaires de l'opération "Traces douces" en faveur de la découverte des patrimoines de l'hiver. Il s'agit de "montrer que la protection de l'environnement peut générer une activité économique" souligne Jean-Lou Botta, animateur de l'association "Hautes-Alpes-ski-de-fond" qui a initié ce projet voilà deux ans.  "L'objectif est aussi de structurer et diversifier une offre touristique hivernale innovante, de contribuer à la promotion du territoire et de favoriser la professionnalisation des acteurs".

En s'appuyant sur des sites nordiques, l'opération "Traces douces" rassemble des propositions originales de découverte. Dans les Écrins, c'est notamment à Champoléon (haut-Champsaur) et au Casset (haut-Briançonnais) que sont donnés les rendez-vous, mais aussi à Vallouise et ponctuellement dans le Valgaudemar (consulter le programme d'accueil du Parc national)

 

POUR EN SAVOIR PLUS...

Télécharger le document de sensibilisation au respect de l'hiver et de ses patrimoine "CHUUT, C'EST L'HIVER" : icon Dépliant Chuut - traces douces (2.81 MB