A comme... Alpages

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Savais-tu que le nom du massif des Alpes vient du mot "alpe", qui servait autrefois à désigner l'alpage ? C'est dire si les alpages, ces grandes prairies d'altitude situées au-dessus des forêts où pâturent les troupeaux de moutons ou de vaches en été, ont de l'importance ! 

 

Depuis la préhistoire

Aquarelle Alpage Des archéologues ont trouvé des traces de campements préhistoriques (entre - 11 000 et - 5 000 ans) ainsi que de nombreux morceaux d'objets taillés en silex dans les alpages du parc national des Ecrins. Ils ont aussi trouvé des restes de cabanes pastorales* datant de 4 500 ans ! Les hommes, dès qu'ils ont eu des animaux domestiques (bétail), ont commencé à s'installer dans les alpages en été pour les faire pâturer.

* Le pastoralisme est une activité agricole liée à l'élevage, qui consiste à faire pâturer les troupeaux sous la conduite d'un berger (un "pasteur").

Pourquoi tant de déplacements ?

Brebis en bergerie nourries avec du foin © P. Masclaux - Parc national des Ecrins En montagne, pendant de longs mois d'hiver, la neige recouvre tout : plus d'herbe à brouter ! Les bêtes doivent rester à l'étable où elles sont nourries avec du foin.

En avril-mai, quand l'herbe a repoussé autour des villages, les bêtes peuvent enfin sortir. Fin juin, l'herbe est suffisamment haute dans les alpages pour qu'elles puissent y aller. C'est la transhumance ou "amontagnage".

Les troupeaux vont passer 3 à 4 mois dans les alpages.

Les vaches montent en alpage - © Lucas Gérald

Les prairies situées entre les villages et les alpages sont fauchées pour faire du foin : l'herbe, une fois séchée, est rentrée à l'abri. Il en faut beaucoup pour nourrir tout le troupeau en hiver ! En septembre-octobre les troupeaux redescendent. Ils restent autour des villages tant qu'il ne neige pas avant de retrouver l'étable.

Fauche des alpages pour faire du foin © M. Corail - Parc national des Ecrins

Petites et grandes transhumances

Transhumance en camions © J-P. Nicollet - Parc national des Ecrins Les alpages accueillent aussi des troupeaux venant de plus loin : une bonne partie d'entre-eux vient du sud de la France. La transhumance se fait en camion : ils sont en bas des alpages en quelques heures. Avant, les troupeaux mettaient plusieurs jours pour venir de Provence à pied. 

Beaucoup de choses ont changé depuis une centaine d'années. Comme il y a moins de troupeaux dans les communes du massif, et qu'il est difficile de faucher dans les pentes, de nombreuses prairies de fauche ne sont plus utilisées. Elles sont pâturées ou abandonnées, ce qui les modifient (elles s'embroussaillent). C'est dommage car ces prairies sont très riches en biodiversité, avec de nombreuses espèces de plantes, d'insectes et d'oiseaux.

La vie dans l'alpage

Dans le parc national des Ecrins, ce sont surtout des ovins (moutons) qui occupent les alpages : environ 130 000 moutons et 6 000 vaches (bovins) !
Les éleveurs louent l'alpage à la commune qui, généralement, en est propriétaire.
Quelques petits troupeaux (d'environ 300 bêtes) ne sont pas gardés. Les éleveurs montent les voir de temps en temps.

Mais la plupart des troupeaux sont gardés. Ils appartiennent à plusieurs éleveurs qui emploient un berger ou une bergère pour gérer le troupeau et l'alpage pendant tout l'été.
Les différents marquages des brebis © M. Coulon - Parc national des Ecrins Les brebis portent différentes marques, une par éleveur.
Combien y a-t-il d'éleveurs différents pour les brebis de cette photo ?

Le berger emmène les bêtes là où l'herbe est nutritive, il veille à ce qu'elles mangent suffisamment mais sans abîmer les sols : l'herbe doit repousser pour les années suivantes. Il les surveille, les soigne, change de quartier (juillet et août) pour utiliser tout l'espace au mieux, enferme le troupeau la nuit dans un parc clôturé pour le protéger des prédateurs (chiens errants, loup).
Les drailles © B. Guidoni Les drailles sont des cheminements formés par le passage répété des bêtes dans l'alpage

Il est aidé par ses chiens de conduite et parfois par un ou plusieurs chiens de protection (patous).
Chien de protection (patous) © J-P. Nicollet - Parc national des Ecrins Le berger dort dans une cabane pastorale. Il y en a souvent deux ou trois sur un alpage, situées dans les quartiers de juillet et d'août. Les conditions de vie sont rustiques ! Certaines cabanes sont accessibles en voiture mais souvent, on ne s'y rend qu'à pied. Pas d'électricité (mais de l'éclairage fourni par un panneau solaire), pas de salle de bains. Souvent, le portable ne passe pas, pas d'internet !
cabane pastorale © J-P. Nicollet - Parc national des Ecrins

Attention, fragile ! 

Les alpages sont le résultat de plusieurs milliers d'années de pastoralisme. Ils sont constitués en grande partie d'un milieu naturel d'altitude appelé pelouse alpine, au-dessus de la forêt. Mais dans beaucoup d'endroits, l'homme a défriché le haut de la forêt pour les agrandir.

Ils abritent des espèces végétales ou animales fragiles. Des maladies peuvent se propager entre faune domestique et faune sauvage (bouquetins, chamois). Les troupeaux peuvent brouter des plantes rares. Le Parc national des Ecrins met en place des mesures de protection avec les éleveurs et les bergers. Par exemple, pour éviter de faire pâturer les bêtes à certaines périodes et à certains endroits pour protéger les poussins du tétras lyre ou la reine des Alpes.*

*pour en savoir plus sur ces deux espèces, rends-toi à la rubrique "" R comme reine des Alpes" et " T comme tétras lyre".

Je me promène dans les alpages

Si tu pars te balader en montagne, tu traverseras sans doute un alpage.

N'oublie pas ces quelques consignes :

  • Les cabanes pastorales appartiennent aux communes, elles sont réservées aux bergers. C'est leur maison pour l'été. Tu ne peux pas y entrer, même pour voir "comment c'est à l'intérieur".
  • Même si tu n'es pas dans le coeur du parc national et que tu as un chien, il doit être tenu en laisse.
  • Si tu approches d'un troupeau, n'effraie pas les bêtes ! Marche doucement, sans crier. Si c'est possible, contourne le troupeau et ne passe pas au milieu. S'il y a un patou avec le troupeau, reste à distance.

Pour en savoir + ...

A télécharger ci-dessous, dans la rubrique Document(s) à télécharger les documents pdf suivants :

  • L'alpage et son fonctionnement
  • Bande dessinée sur le patou
  • Une plaquette sur le patou

Sur le site internet du Parc : 

A écouter (Chronique Nature, RAM) : 

Activités

Sais-tu ce qu'est la toponymie ? C'est l'étude des noms de lieux. Quand on regarde une carte, elle nous renseigne sur l'utilisation de l'espace.

Si tu vois sur une carte les noms : Alp, Alpette, Aulp, Aup, Aupet, Aupette, Arp, Arpette, Arpetta, c'est qu'il s'agit d'anciens alpages. Certains existent peut-être toujours, d'autres ont pu être abandonnés. Ainsi les stations de ski des Deux-Alpes et de l'Alpe d'Huez sont construites sur d'anciens alpages. Aux Deux-Alpes, il y en avait deux : celui de Vénosc et celui de Mont-de-Lans.

Dans la rubrique Document(s) à télécharger en pied de page tu trouveras une carte avec sa toponymie.
- Comment peux-tu savoir qu'il s'agissait d'un alpage ? Lis bien les noms de lieux et tu trouveras plusieurs indices !
Pdf jeu 01 – carte avec noms

La même carte mais sans les noms.
- Jusqu'au début du 20e siècle, les habitants, ici, parlaient le "provençal-alpin" : un patois proche de l'occitan. Regarde en bas de la carte, le petit "dictionnaire patois - français". Peux-tu réécrire sur la carte les noms de lieux... mais en français ?
Pdf jeu 02 – carte sans nom

Et les réponses ... avec le bonjour de l'âne !
Pdf alpages jeu 02 réponses